jeudi, mai 29, 2008

Et sinon vous dansez ?


Voyez-vous comme je suis un jeune adulte parisien et totalement dans l’ère du temps j’ai un petit carnet genre « peau de taupe ». Dedans, outre mes émois de jeune adolescente, je note les choses « digne d’intérêt et de reconnaissance publique pour les sujets de notre bon royaume ». Ainsi donc moult choses griffonnées au bas des pages sans beaucoup de consistance et l’on doit bien reconnaître qu’il n’est pas rare de ne pouvoir se relire.

Or (attention insertion de la première péripétie) durant ma résidence estivale en mes terres bretonnes j’écoutais avec beaucoup d’attention la radio. Et voilà que les ondes d’Euterpe viennent en mon fief pour me faire découvrir en mon sein un poète: Jean-Paul de Dadelsen. Chose entendue, chose notée. Et chose relue hier dans la librairie parisienne du Satyre.

Ô muse vient en ma plume me donner le courage et l’abnégation qu’il me faut pour te satisfaire (genre « les Martyrs » de Chateaubriand ça commence vraiment comme ça, oui ça n’a pas très bien vieilli parfois) et permettez-moi de poser un extrait de ce livre que j’ai acheté pas plus tard qu’hier.

Juste un extrait car c’est tout de même long, de plus que le livre est imprimé dans le sens de la longueur, l’avenir est dans le nouveau hein.

Je n’en dis pas plus, vous sentez déjà venir l’entourloupe, et oui…attendez un peu de voir le titre du poème :

Jonas

Bach en automne

VI. Sur le nom de Bach

Dans la gamme couleur d’automne de si bémol mineur, descend
Cette première marche jusqu’à la note sensible ! Le nom alors se hisse
Jusqu’à do, le niveau de la réalité. Et, de nouveau, du même demi-ton,
Retombe
Sur ce si dont la vibration suspendue appelle une nouvelle ascension.
Le clavier est l’image du monde. Comme l’échelle de Jacob
Il nous traverse de bout en bout.

Regarde la corde tendue sur son frêle berceau de bois : chaque montée,
Même d’un dièze, augmente son effort. Mais pour descendre, simplement
Relâche sa contrainte !
Gamme qui s’élève avec peine, telle la femme de Loth, regardant en arrière, et
Sitôt qu’elle cède à sa pente, devient plus lasse encore, plus tendre aussi, plus
Condamnée, plus entraînée vers les eaux de l’amertume et de la séparation.
Que suis-je, livré à moi-même ?

Le renard pris au piège à dents aiguës se coupe une patte pour retrouver
Sa libre faim parmi les arbres noirs. La chenille se hâte vers le soir
Où elle ira se brûler à la lampe. Le cerf brame après la fraîcheur des eaux.
Rien n’est tout à fait muet.
Même la pierre est active. Rien ne se refuse, sauf,
Quand elle se complait à elle-même dans les ténèbres de sa captivité,
L’âme.

Jonas de Jean-Paul de Dadelsen, nrf gallimard/poésie.

Donc voilà j’avais noté son nom il y a quelques mois et là je le retrouve dans une librairie près du palais royal, il aime et parle de Bach tout du long.
Ce poème fait référence à l’ultime fugue inachevée de l’art de la fugue où Bach utilise les notes en rapport avec les lettres de son nom pour faire un thème. Je ne la mets pas en ligne car si vous n’avez jamais écouté l’art de la fugue vous craignez et là je ne peux rien y faire. Point.
Et si vous avez des remords achetez la version de Gould, Sept euros à tout casser et un monument de l’enregistrement classique de ces 50 dernières années.
Petite photo pour finir, celui qui me donne le nom de l'église parisienne où se trouve ce distributeur d'eau bénite à droit à un mail de louanges.

Sur ce mes enfants, n'oubliez pas que si l'on clique sur les choix littéraires et musicaux il se passe des choses admirables.

Satyriquement

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ça n'a pas que "parfois" mal vieilli... Enfin tu connais mon opinion sur notre ami ShinyCastle.
Sinon, c'est pas mal Dadelsen :)